« La vie cachée des théories du changement »

Ce travail de recherche s’appuie sur des exemples concrets, issus d’actions de plaidoyer, pour interroger les pratiques liées à la méthode de la « théorie du changement ». Il met en garde contre les risques d’instrumentalisation de cette méthode.

La théorie du changement est de plus en plus utilisée dans les interventions de solidarité internationale. Plébiscitée par de nombreux bailleurs de fonds, cette méthode a été développée initialement pour faciliter la planification d’interventions complexes, telles que le plaidoyer. Or, son utilisation actuelle pourrait l’éloigner dangereusement de son objectif initial. C’est ce que montre cette recherche.

Le rôle des théories du changement dans les stratégies de plaidoyer

Wenny Ho, Margit van Wessel et Peter Tamas, analysent l’articulation entre théorie du changement et pratique réelle du plaidoyer : comment une théorie du changement influence les actions ? Comment facilite-t-elle l’appropriation du plaidoyer par les populations concernées ? Comment s’adapte-t-elle aux réalités locales ?

À travers les yeux de praticiens et de praticiennes du plaidoyer, il est notamment montré qu’il n’existe jamais pour elles et eux une seule théorie du changement. Il en existe plusieurs qui sont plus ou moins partielles, concurrentes, subjectives, qui viennent guider consciemment ou non leurs actions.

Théorie du changement : au service des acteurs et actrices ou nouveau cadre contraignant ?

La méthode de « la théorie du changement », est pensée pour être vivante, source d’apprentissage et d’amélioration continue. Or, cette étude montre que le risque de voir les théories du changement s’éloigner des réalités complexes et mouvantes est fort. Elle peut devenir un cadre figé qui met l’accent sur le contrôle, fermant ainsi le champ des possibles des actions de plaidoyer.

La complexité des réalités locales et des jeux d’acteurs et d’actrices pourrait en effet se perde dans une tendance actuelle à la normalisation des théories du changement. Cette tendance vient « faire de l’ordre », bien souvent de manière descendante du Nord vers le Sud, via des théories du changement soignées qui limitent les capacités d’action ou excluent in fine les personnes concernées.

Wenny Ho, Margit van Wessel et Peter Tamas concluent par une série de recommandations pour éviter de dénaturer les théories du changement : aller vers davantage d’apprentissage, de facilitation et d’engagement mutuel.

Pour en savoir plus : https://hivos.org/document/the-hidden-life-of-theories-of-change/