Inclure pour transformer : L’évaluation transformative pour un changement social juste et durable

Donna M. Mertens et Tamarah Moss, enseignantes-chercheuses aux Etats-Unis, proposent dans cet article d’Inclure pour transformer de répondre à la question suivante : Quels choix méthodologiques pour que les évaluations contribuent à renforcer l’équité et la justice ?

Les autrices décrivent un cadre d’évaluation transformatif structuré, de manière :

  • à inclure la voix de l’ensemble des acteurs et actrices qui se mobilisent aux côtés d’organisations de la société civile (OSC) ;
  • et à aborder consciemment les enjeux de pouvoir, afin que les membres des communautés vulnérables et marginalisées puissent contribuer au projet d’évaluation, aux décisions, et au développement des interventions.

Ainsi, une approche éthique de l’évaluation transformative doit garantir que l’évaluation soutient un changement transformatif, en vue de renforcer l’équité et la justice, et non un statu quo oppressif.

Pour y parvenir, il faut mobiliser les concepts de sensibilité culturelle, d’intersectionnalité, d’inclusion, de réciprocité. Il faut également considérer qu’il faut aborder les inégalités, reconnaître la résilience des communautés vulnérables et marginalisées, et faire consciemment le lien entre le travail d’évaluation et renforcement de la justice sociale, économique et environnementale.

Les autrices donnent l’exemple de l’évaluation sensible à la culture, définie « comme une pratique sociale et culturelle [qui] encourage des manières locales de créer du savoir et du sens » [Acree, Chouinard, 2020, p 201].

Il s’agit de soutenir l’inclusion des communautés marginalisées, non en tant que représentantes symboliques, mais à travers leur participation active au processus d’évaluation. La culture est au centre, l’équité est la finalité. Il s’agit de déconstruire les dynamiques de pouvoir susceptibles d’exister entre les communautés et les institutions.

Cette approche controversée représente un changement culturel au sein de la communauté de l’évaluation, car d’autres cadres d’évaluation exigent une séparation entre l’évaluation et le plaidoyer au nom d’une objectivité accrue. Toutefois, en poursuivant le travail d’évaluation de manière traditionnelle, l’évaluateur ou l’évaluatrice peut se rendre complice du maintien de l’oppression, alors qu’en acceptant de jouer le rôle d’agent-e-s du changement, ils et elles peuvent contribuer à la transformation de notre monde.

Cet article a été réalisé dans le cadre d’Inclure pour transformer, un ouvrage collectif coordonné par le F3E en 2021. Il réunit des praticien-e-s d’organisations de solidarité, du monde de la recherche ainsi que de consultant-e-s (France et international).