Les essentiels du genre : genre, ONG et société civile – Le monde selon les femmes

Le guide « Les essentiels du genre : genre, ONG et société civile », créé par Le monde selon les femmes, vise à démontrer l’importance de l’intégration du genre par les ONG et les actrices et acteurs de la société civile en général. Le guide présente le concept de genre, apporte des outils méthodologiques sensibles au genre, questionne les modèles de développement actuels et s’intéresse aux impacts d’une non intégration du genre par les actrices et acteurs.

Le cadre juridique international présente de nombreux textes sur la nécessité d’une approche genre (cf. plateforme d’action créée lors de la Conférence mondiale des femmes de Pékin en 1995 ; Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF – CEDAW), de 1979, convention des Nations unies la plus ratifiée). Toutefois, les ONG n’intègrent pas toujours le genre.

Les ONG sont-elles concernées par le genre ?

Le genre est basé sur les rapports sociaux et la répartition des rôles féminins et masculins ainsi que sur leur évolution dans le temps et dans l’espace. Les inégalités entre les femmes et les hommes persistent : par exemple, les femmes représentent 15% des parlementaires dans le monde mais 70% des personnes vivant sous le seuil de pauvreté.
Des outils d’analyse de l’approche genre ont été répertoriés par Le monde selon les femmes. Par exemple, il est important de distinguer l’intégration des femmes dans le développement du concept de genre et développement. Le gender budgeting, les indicateurs sexo-spécifiques du PNUD ou les indicateurs d’empowerment sont autant d’outils permettant une meilleure intégration du genre par les ONG et les OSC.

Les formations en genre sont également très importantes dans la mesure où bon nombre d’ONG et d’OSC n’ont pas encore intégré le concept de genre.

Pour intégrer le genre dans les projets de solidarité internationale, il est important de se poser plusieurs questions :

  • Chaque étape repose-t-elle sur des indicateurs de genre ?
  • Les partenaires font-ils/elles une analyse de genre ?
  • Un-e expert-e genre est-il/elle associé-e ?
  • Comment le budget intègre le genre ?
  • Etc.

De manière plus générale, l’ONG doit se demander si les valeurs qu’elle promeut sont en accord avec l’égalité femme-homme, si la parité est respectée en termes de ressources humaines, s’il y a une représentativité des femmes dans la structure juridique, s’il y a une parité dans les portes-paroles médiatisé-e-s de la structure, si la communication véhicule des stéréotypes de genre, etc.

Pour intégrer le genre dans les associations

Bien qu’une grande majorité des associations aient une connaissance intuitive sur le genre, peu mettent en œuvre des moyens concrets et les réticences au niveau de la question du genre sont encore très nombreuses.

Parmi les justifications pour une non intégration du genre dans les associations, les arguments culturels, la complémentarité ou une certaine illusion de l’égalité sont souvent mises en avant. La déconstruction des préjugés n’est en effet pas une chose facile du fait notamment d’un manque de temps pour suivre des formations genre, de la difficulté de trouver des indicateurs de genre adéquats ou encore du fait de la vision selon laquelle le thème du genre serait uniquement lié au travail avec les partenaires du Sud tandis que la question de l’égalité serait réglée au Nord.

Positionnement des ONG face à l’approche genre

Le monde selon les femmes a créé un schéma du positionnement des ONG vis-à-vis de l’approche genre. L’ONG y distingue les « approches ponctuelles » des « approches globales » et le « mode restrictif » du « mode affirmatif ». Kézaco ?

  • L’approche ponctuelle sur un mode restrictif signifie que la structure est sur le principe d’accord pour prendre le genre en compte, mais seulement si elle a le temps, si l’opportunité se présente, etc.
  • L’approche ponctuelle sur le mode affirmatif, quant à elle, affirme une volonté de prendre le genre en compte de manière structurelle mais la place qui lui est laissée est très restreinte.
  • L’approche globale sur un mode restrictif donne la priorité à une analyse des rapports entre classes sociales qui dénonce l’oppression économique et, selon le contexte, la question du genre sera ou non mise en évidence.
  • Dans l’idéal, l’approche genre devrait prendre la forme de la quatrième approche, à savoir globale et affirmative. C’est-à-dire une remise en question du modèle de développement que la structure soutient et de la place que l’approche genre y tient.

Le schéma énonce également quatre types de stratégies d’évitement possibles – et liées ! – que sont l’alibi, la marginalisation, la dilution et l’ajournement.

Genre et niveaux de compréhension de la réalité sociale

Le monde selon les femmes propose une analyse en six niveaux de la compréhension de la réalité sociale. Les six niveaux sont associés à des stratégies et à des résistances différentes qu’il convient d’analyser de manière différente :

  • Niveau individuel : il s’agit d’analyser la personne dans son individualité. Ce niveau d’analyse permet de comprendre la façon dont chacun intériorise ou non des normes sociales.
  • Niveau relationnel : il s’agit d’analyser les interactions entre les personnes. Ce niveau d’analyse permet de rendre compte des types de règles qui régissent les interactions dans un contexte déterminé.
  • Niveau groupal : il s’agit d’analyser le groupe comme entité, les rôles et les fonctions qui s’y développement. Ce niveau d’analyse permet de comprendre les rôles, les fonctions, le leadership, etc.
  • Niveau organisationnel : il s’agit d’analyser l’organisation, les rapports de pouvoir, la coopération, les conflits qui s’y déroulent. Il s’agit d’une analyse plus sociologique et de l’action collective.
  • Niveau institutionnel : il s’agit d’analyser les normes et valeurs des institutions. Ce niveau d’analyse permet d’appréhender les valeurs, les finalités et les significations derrières les actions mises en place.
  • Niveau historicité : il s’agit d’analyser la capacité de transformation de la société par elle-même. Le sens du changement est le processus de passage des sociétés à historicité faible vers des sociétés à historicité forte.

L’idée est que chacun-e peut privilégier un niveau d’explication sur lequel il est pertinent d’agir. Pour expliquer une situation, les individus ont spontanément tendance à utiliser un ou deux niveaux qui leur paraissent plus explicatifs. Repérer les niveaux privilégiés dans la compréhension d’une réalité sociale est utile pour, entre autres, identifier là où chacun-e pense pouvoir agir, favoriser un dialogue entre ceux et celles qui agissent à des niveaux différents ou encore chercher comment d’autres niveaux pourraient être mobilisés.

Pour conclure

Le monde selon les femmes énonce que l’approche genre est une méthode de penser et de travailler basée sur une option égalitaire qui voit la société en évolution. Pour rappel, l’approche genre concerne autant les femmes que les hommes. Elle rend visible les intérêts des femmes mais aussi ceux des hommes. Elle s’applique à tous les secteurs, au Nord comme au Sud.

 

Accédez au site du Monde selon les femmes : http://mondefemmes.be/genre-developpement-outils.htm