Parole d’acteur : « L’évaluation est toujours un processus de changement »

Cet article reprend les points clefs de l’entretien avec Guy Cauquil, président du Réseau francophone de l’évaluation. Il y partage sa vision d’une évaluation qui permet de créer des changements.

cauquil-photo-journée-f3eDans le cadre de l’étude transversale, « Evaluer les évaluations : Analyse de pratiques pour une évaluation transformative », Guy Cauquil partage sa conception d’une évaluation vectrice d’apprentissages et de changements et les conditions de sa mise en œuvre.

L’évaluation permet des changements à travers « des apprentissages collectifs qui contribuent à structurer les politiques publiques. L’apprentissage à travers une évaluation est lié à sa dimension collaborative et donc formative. L’évaluation a alors une visée pédagogique ». Cela exige d’« associer, autant que possible, les décideurs en amont de la démarche, y compris dans la formulation du questionnement évaluatif ».

Deux conditions sont à remplir pour que toute évaluation devienne un processus de changement : elle doit être « choisie ou au moins consentie par les acteurs concernés » et le processus d’évaluation doit être « participatif, en associant les acteurs concernés au jugement évaluatif ».

C’est l’ensemble du processus d’évaluation qui permet de créer des changements. Ce processus devrait être itératif, s’effectuer dans la continuité et s’inscrire dans la durée.

– Dans ce processus, les « allers-retours itératifs entre l’évaluation, les acteurs et les objectifs de l’action permettent d’augmenter les interactions et donc de favoriser les changements produits par l’évaluation sur le projet y compris dans ses stratégies ».

– De plus, l’évaluation doit être envisagée « de façon processuelle par rapport à la temporalité d’une action avec une évaluation quasi permanente ». Cela implique une articulation entre le « suivi-évaluation ou au moins une évaluation intermédiaire ».

– Par ailleurs, « il y a un lien entre la durée d’une évaluation et le changement qu’elle produit. Plus on consacre du temps à une évaluation (par ex : l’évaluation d’une politique publique peut avoir une durée de 1 à 3 ans) plus il est plus facile de confronter des points de vue et de créer des consensus ».

La fonction de l’évaluation n’est pas seulement d’apporter des preuves (d’efficacité ou de réelle mise en œuvre); elle est aussi d’impacter chemin faisant le processus même de production de l’action publique (en renforçant sa cohérence interne et en mobilisant l’ensemble du système acteur concerné). En bref, l’évaluation n’est pas seulement une procédure (de suivi, de contrôle),  elle constitue un puissant levier d’amélioration de l’action publique.