Comment dit-on évaluation en Russe ?

Comment dit-on « évaluation » en russe ?

C’est la question que l’équipe du F3E s’est posée quand est parvenue l’invitation de l’Ambassade de France en Russie pour participer au premier Forum « Se financer, se former et travailler en réseau : pistes pour le travail des organisations non gouvernementales en Russie ». Parmi les organisations invitées au côté du F3E, comptaient également Coordination Sud, le FIP et le Forum de la Société Civile UE-Russie.

Parler d’évaluation à des ONG russes : quel message faire passer ?

Organisée le 25 juin dernier, la rencontre avait pour ambition d’apporter aux représentants de la Société Civile russe des idées et conseils pour faire face aux difficultés auxquelles le milieu des ONG est confronté.

Ces dernières années, la législation est devenue plus contraignante et restrictive vis-à-vis des ONG, en particulier celles actives sur les questions touchant aux Droits de l’Homme, révélant une méfiance accrue des autorités.

Que peut-on apporter à des ONG qui connaissent des difficultés croissantes et dont les missions sont pour la plupart tournées vers le développement social en Russie ?
Parler d’évaluation, de l’importance de porter un regard critique sur ses actions, de trouver un équilibre entre apprentissage et redevabilité : voici les messages que le F3E pouvait faire passer. Et pourquoi pas, plutôt que de jouer les donneurs de leçons, transformer cette présentation en une invitation faite aux participants à réagir sur leur propre approche et expériences en matière d’évaluation.
Dans une salle comble (plus de 100 personnes et 70 organisations représentées) l’auditoire était attentif, concentré sur la traduction simultanée du français au russe… la transmission allait-elle passer ?

Des ONG passionnées, critiques et expérimentées

Première
 réaction : sûr de lui, le représentant d’une ONG Russe active dans l’éducation populaire nous rejoint à la tribune pour partager son approche. Il rappelle que l’évaluation en Russie est très normée, scientifique et exige une masse critique d’informations pour obtenir une analyse approfondie. A leurs yeux, une autre approche est possible pour favoriser l’évaluation de projets à vocation sociale comme l’apprentissage entre pairs et par la pratique. 
Le débat s’échauffait et de nombreuses mains s’élevaient pour réagir aux propos. Une participante citait une conférence d’ONG où l’accent avait été mis sur les mauvais exemples d’exécution des projets. Parler de ce qui dysfonctionne n’est-il pas une preuve d’honnêteté et la meilleure voie pour apprendre ?
Evoquant son organisation, un participant prit la parole pour exprimer le besoin qu’ont les ONG de savoir si elles sont efficaces et participent à une amélioration sociale. La mesure reste trop souvent d’ordre quantitative quand une piste de recherche serait de mettre l’accent sur les preuves sociales.
La représentante d’une ONG reconnue en Russie rappelait la prudence à avoir vis-à-vis de l’évaluation qui peut parfois être assassine, comparable aussi à un médecin auquel accorder la confiance.
Accrochés à nos oreillettes, appréciant autant la traduction que la vivacité des propos de l’auditoire, nous comprenions qu’au sein des ONG russes, parler d’évaluation éveillait des préoccupations fortes : la qualité des interventions, leur impact social, la recherche de méthodes pour un meilleur suivi. .. Autant de sujets que le F3E travaille aujourd’hui avec ses membres !
Venus pour des conseils, nous allions repartir stimulés par les réflexions des ONG russes, pertinentes et engagées.