« L’évaluation devrait booster le développement et provoquer des changements »

Dans cet entretien, Oumoul Khayri Ba Tall, évaluatrice et ancienne présidente de l’OICE et de l’AfrEA, s’exprime sur les conditions pour une évaluation pour le développement.

Dans cet entretien, Oumoul Khayri Ba Tall, évaluatrice et ancienne présidente de l’OICE et de l’AfrEA, s’exprime sur les conditions pour une évaluation pour le développement.

bat-tall-2Dans le cadre de l’étude transversale, « Evaluer les évaluations : Analyse de pratiques pour une évaluation transformative », Oumoul Khayri Ba Tall partage sa conception d’une évaluation vectrice d’apprentissages et de changements et les conditions de sa mise en œuvre.

Les changements induits par l’évaluation

L’évaluation doit modifier la façon dont les interventions de développement sont conçues, menées, suivies et évaluées. A ce titre, le changement affecte tous les acteurs de l’intervention. Une bonne évaluation nécessite donc, au préalable, une analyse très fine des parties prenantes à l’intervention évaluée.

Les deux contraintes de ce type d’évaluation

D’abord, le temps : l’évaluateur n’intervient pas nécessairement au bon moment pour observer le changement auquel l’intervention a pu contribuer. Très souvent, le changement n’a pas encore eu réellement le temps de « germer » au moment où se passe l’évaluation.

Deuxième élément, le budget : le temps alloué par le commanditaire et la disponibilité des données peuvent constituer des éléments contraignants pour la réalisation de l’évaluation. Des méthodologies émergentes appellent à tenir compte des contraintes et du contexte pour rester dans l’univers du possible.

Vers une évaluation transformatrice ?

Un projet a moins pour fonction de produire des services de qualité que de provoquer des changements durables de comportement des différents acteurs. Or nous avons une difficulté à apprécier ce type de changement à la fin de l’intervention évaluée. Pour apprécier des changements, il est nécessaire de mener l’évaluation non seulement en fin d’intervention mais aussi tout au long de sa réalisation, ou encore à plusieurs moments du processus, pour comprendre non seulement le changement qui s’est opéré, mais aussi et surtout les conditions et les raisons.

D’une manière générale, les termes de référence préparés par les commanditaires sont trop souvent élaborés à partir des critères d’évaluation du CAD-OCDE (Comité d’aide au développement) et couvrent un champ d’horizon souvent trop large, parfois trop étroit. C’est une contradiction apparente, mais qui cache le fait que les questions d’évaluation dans les projets de développement sont souvent insuffisamment ciblées sur la trajectoire du changement.